Les 2 premiers chapitre de Like & Légende
Les 2 premiers chapitre de Like & Légende
Merci énormément pour ton intérêt pour cette histoire 🤍
Tu trouveras ci-dessous les 2 premiers chapitres de Like & Légende que j’ai écrit avec Priincess Ramera Cassi.
Installe-toi avec un bon café (ou un chocolat chaud, c’est selon 😏) et profite d’un petit moment de lecture.
Bonne lecture,
Léa
Prologue
Le conservateur
Mes chers amis, approchez…
Installez-vous confortablement, éteignez la lumière si l’envie vous prend, et laissez choir vos certitudes. Ce soir, je vais vous conter l’histoire troublante de « Sophie et la Vouivre », une légende moderne où l’obsession de la célébrité suffit à éveiller la plus ancienne des malédictions.
Imaginez Sophie, jeune influenceuse au sourire éclatant, affamée de likes et de followers. Une jeune fille prête à tout pour un instant de gloire. Sa vie se mesurait en nombres d’abonnés, de vues et de partages. Elle pensait que tout cela la ferait exister. Et c’est ainsi qu’elle décida de partir dans les sombres forêts jurassiennes avec sa caméra. Tout ça pour chasser une créature mythique.
La Vouivre. Vous avez déjà entendu parler d’elle ?
Ce soir, vous allez assister à la traque silencieuse, au duel de deux obsessions : la soif de reconnaissance et la soif de liberté.
Accrochez-vous, car, comme dans tous les meilleurs contes, ce qui commence par un « selfie extrême » se termine par un hurlement qui résonne… bien au-delà de la toile.
Sophie et la Vouivre vous attendent… et le cauchemar commence maintenant.
Chapitre Premier
Sophie
Il est presque trois heures, Lyon ne dort toujours pas. J’ai encore le goût de la tequila sur la langue quand je claque la porte de mon studio. Quelle idée d’enchaîner les shooters ! Je sens que mon estomac et ma tête vont me le faire payer demain, façon gueule de bois Deluxe, avec options migraine carabinée et cœur au bord des lèvres.
En essayant de ne pas me vautrer, je retire mes bottines une à une et, sans même que je m’en rendre compte, mes collants se filent. La lumière de mon téléphone éclaire le désordre ambiant : des fringues jetées sur la chaise, des paquets de chips éventrés, mon miroir Ikea fêlé dans un coin comme un œil qui juge… J’ai un haut-le-cœur en passant devant l’évier où quelqu’un a eu la brillante idée d’abandonner une cuillère noyée dans du lait caillé. Spoiler : c’était moi.
Sans prendre la peine de me rendre dans la salle de bains pour me décrasser et effacer toute trace de ma débauche, je me laisse tomber sur le lit en éclatant de rire sans raison. Un rire sec, nerveux, un peu hystérique. Franchement, la soirée était pas mal. Juste assez d’alcool pour faire croire que la vie est marrante, et de conneries échangées pour oublier qu’elle ne l’est pas. Une anesthésie douce, temporaire, servie sur fond de musique trop forte et de verres qui collent.
Un moment particulier me revient : ce dialogue complètement absurde quand Théo — totalement torché, il faut le dire — a commencé à déblatérer.
— T’as déjà entendu parler de la Vouivre ? m’a-t-il lancé, les paupières à moitié fermées, la clope de travers.
J’ai roulé des yeux sans cesser de scroller sur Insta.
— C’est une femme-serpent, genre un hybride chelou, avec un diadème, qui garde un trésor.
Sur le moment, j’ai joué le jeu, consciente de son état. J’avais même répondu un truc débile, genre :
— Moi aussi je suis mi-femme, mi-serpent, surtout quand j’ai mes règles.
Il n’avait pas relevé la blague. Il était concentré, comme peut l’être quelqu’un avec trois grammes dans le sang et l’illusion d’être en mission divine.
— Faut que je trouve ce p’tain de trésor et plus jamais je ne refoutrai un pied en cours.
Il avait ce ton solennel que prennent les mecs bourrés quand ils se croient en train de révéler un secret d’État. Évidemment, j’ai rigolé comme une idiote face à son commentaire. Cependant, maintenant que je suis seule, allongée dans mon lit, avec les reflets de la ville dans la vitre, j’y repense.
La Vouivre. Un nom à la con, faut se le dire.
Et pourtant… ma curiosité est titillée.
J’effleure l’écran de mon téléphone, prête à le déverrouiller. Peut-être que cet idiot imbibé disait pas que des conneries. Et si je creusais un peu ? Juste pour voir.
D’un geste automatique, je cède à la tentation. L’application Instagram s’ouvre sur mon dernier réel : huit likes, deux pauvres commentaires. L’un dit « wtf », l’autre, plus mystérieux : « t gênante mais j’aime bien ». Je ne peux m’empêcher de grimacer. Voilà le résumé de ma vie numérique : un mélange de malaise et de demi-compliments malsains, un feed sans consistance, comme un gâteau raté recouvert de paillettes.
Direction mon tableau de bord, c’est la dégringolade. Les statistiques sont en berne sur mes différents réseaux ; je perds des followers depuis plusieurs semaines. J’ai beau tenter différents contenus, je me noie de plus en plus dans la masse virtuelle : une goutte d’eau dans un océan de filtres, de visages retouchés, de voix identiques qui répètent toujours la même chose.
Je remonte le fil de mes propres posts, et ça me donne un peu le tournis : vidéos ASMR dans ma salle de bains, tutoriels bidons genre « 5 manières de booster ton aura spirituelle » alors que j’y connais que dalle, tests de slime rose fluo, live où je fais des jeux de rôle en direct, payée en cadeaux par des inconnus. Et toujours cette tronche que j’affiche à l’écran : sourire figé, filtres à gogo, voix mielleuse, posture penchée vers la lumière. Que l’on me décerne un Oscar pour mes talents d’actrice ! J’ai tout essayé pour me démarquer, et j’ai l’impression de m’être perdue entre deux stories, flottant constamment entre personnage et personne.
Sans pouvoir m’en empêcher, je relis régulièrement les commentaires sur mes divers contenus. Certains me font rire, d’autres me donnent envie de balancer mon téléphone contre le mur.
« MDR la honte elle se prend pour une voyante. »
« Tu suces pour les likes ou quoi ? »
« Elle est pas moche, surtout dans le noir et de dos. »
Et au milieu de ça, quelques pépites plus douces qui laissent des cœurs, des flammes, des « continue queen 💖 ». Mais même ceux-là, j’y crois plus trop. Ils sonnent faux.
J’ouvre Twitter… euh non, X. Pff, je ne peux pas m’y faire à leur nouveau nom. Ça sonne comme un site porno pour traders. Je tape « Vouivre » dans la barre de recherche et les milliers de tweets ne m’apportent rien de concluant : mèmes, vannes foireuses, rien de consistant. Inutile de poursuivre, je referme l’appli.
Il est tard, je me sens crasseuse et ma bouche sèche me confirme que j’ai un brin exagéré sur les Tek Paf. Est-ce que je me sens capable de me rendre jusqu’à la salle de bains pour me débarbouiller le visage de toutes traces de maquillage ? Faut que je trouve ma motivation. Spoiler numéro 2 : elle n’est pas planquée sous mon oreiller.
Un frisson me traverse. Pas de froid, non : celui de l’échec. Je ne sais pas ce que je fous. Je ne sais plus ce que je veux. Je voulais être vue. Aimée ? Non, validée. Ce n’est pas pareil. Et pourtant, quand je regarde le plafond de mon studio avec ses taches d’humidité en forme de continents perdus, je me sens aussi loin d’une « carrière » que la Terre l’est de Mars.
Mouais, je suis en mode auto-apitoiement. C’est typique avec l’alcool. Il y a l’euphorie… et ensuite, les lamentations d’une fille bourrée. Ça ne rate jamais.
Je soupire, puis me recroqueville sous mon plaid, les genoux serrés contre moi. La lumière bleue de l’écran me colle encore à la rétine. Rien à y faire, je n’arrive pas à passer outre. Je prends mon téléphone et je tape dans Google « Vouivre légende Jura ». Les premiers résultats tombent, beaucoup plus pertinents que ma première recherche.
Créature mythique des régions de l’Est, gardienne de trésors, portant un diadème d’or rougeoyant sur le front. Souvent représentée comme une femme sublime à queue de serpent ou comme un dragon ailé invisible. On dit qu’elle surgit des eaux au moment où on s’y attend le moins, attirée par les regards et les désirs humains. Une créature belle et dangereuse, qui hante les rivières et les fantasmes.
Peut-être que Théo, ce con, a des fantasmes particuliers. Note à moi-même : ne jamais regarder son historique. Ça doit contenir des trucs bizarres du style « Dino Porn » ou je ne sais quoi.
Ma curiosité est à son maximum. Le besoin d’en découvrir davantage me pousse à cliquer sur plusieurs liens. Il y a de tout et de rien dans les articles. Même les images passent du médiéval au kitsch total. Certaines sont moches, d’autres ont un charme vintage : peintures floues, gravures tremblantes, photographies de rivières où la Vouivre « aurait été vue ». Bof. Je pense que ça pue le fake à plein nez.
Pourtant, mon cœur bat un peu plus vite, pris d’exaltation. C’est idiot, je le sais parfaitement. Mais quelque chose remue dans mes tripes, et, par le plus grand des hasards, une possibilité s’ouvre à moi.
Et si je lançais un nouveau format ? Pas un énième challenge TikTok ni un tuto sur comment « vibrer mes énergies en mode salsa du démon ». Non. Un compte de chasseuse de légendes, où je parcours la France à la recherche de créatures mythiques. Un truc entre le débunk et le paranormal. Ça y est, putain, je la tiens, mon idée de génie !
Sans perdre de temps, je commence à pianoter frénétiquement. Première chose : créer mes identifiants.
Nom de compte : pris.
Deuxième tentative : déjà existant.
Troisième : MystiqueSOSo. Disponible. Je valide.
Putain, ça sonne bien : à la fois cheap et magique. Une touche de second degré, mais aussi un clin d’œil avec « SOS ». Je ris toute seule de ma connerie. Je suis une reine de la com’ !
Prise dans l’euphorie, je file dans la salle de bains et esquive de justesse mes bottines pour éviter la chute. Je me recoiffe, vite fait, puis j’enlève le plus gros du maquillage qui a dégouliné, histoire de me rendre un minimum présentable. Une fois prête, je cale mon téléphone contre un pot de crème vide et teste un premier plan.
— Salut les mysmys ! Aujourd’hui, j’ouvre un nouveau chapitre. J’ai décidé de partir sur les traces d’une créature du folklore français. On l’appelle la Vouivre : elle est mi-femme, mi-serpent. Vous la connaissez ? Paraît qu’elle garde un trésor, cette coquine. Et elle ne veut même pas le partager avec nous ? Abusééé ! Je me dois de réparer cette injustice, vous ne pensez pas ? Alors suivez-moi dans cette nouvelle aventure. Et pour un max de soutien : on like, on commente, et on partage. Cœur sur vous, mes mysmys !
Je visionne le rendu : ça ne me plaît pas. Je ne dose pas assez les sourires, mes postures, le ton de ma voix. Je réenregistre. Trois fois. Cinq fois. À la septième prise, j’ai l’air à peu près sûre de moi. Je valide et je poste. La vidéo est courte, mais elle dure plus d’une minute. Au moins, je vais pouvoir être rémunérée si elle buzz.
Je me rallonge ensuite, le cœur qui tape fort, excitée de ce nouveau chemin qui s’offre à moi. Mes yeux fixent le plafond, tandis que mes pensées, elles, tourbillonnent comme une eau trouble après qu’on y ait lancé une pierre.
Je ne sais pas ce que j’attends. Des likes ? Des vues ? Des commentaires ? Non. Enfin si. Mais pas vraiment. C’est plus compliqué. Ce que je veux, c’est exister. Briller dans la lumière et ne pas me sentir seule, oubliée, dans un écho numérique vide.
Je mérite ma chance.
Je rallume mon téléphone, pour vérifier si ma vidéo a déjà des vues. J’apparais dans ma salle de bains, et l’image que je renvoie me fait souffler d’exaspération. J’ai peut-être un chouïa exagéré en pensant que j’étais présentable. Ce que je vois, c’est une fille mal coiffée, au regard un peu hagard. Des cernes de panda et un sourire en coin, entre le défi et le désespoir.
— C’est toi, la chasseuse de légendes ? murmuré-je. Sérieusement ?
J’ouvre mes statistiques. Trois vues. Un commentaire : « mdr t’as trop bu go dormir ».
Je grogne, mais ne me focalise pas sur ces résultats. Ce n’est rien. C’est normal. Je viens de la mettre en ligne, c’est le début de ma nouvelle aventure.
La fatigue se fait drôlement sentir. Je ferme les paupières, prête à y céder. L’image de la Vouivre remonte à la surface. Toutefois, elle ne ressemble pas à une créature effrayante ni à un monstre. Plutôt… une silhouette fluide qui nage sous les pierres, entre les algues, avec des yeux trop tristes et un diadème qui saigne la lumière.
Je me surprends à l’imaginer m’attendant quelque part dans une rivière noire. L’espoir me gagne. Je le sens dans mes tripes : elle va me rendre célèbre et riche !
Je souris dans l’obscurité en visualisant mon futur succès.
Et juste avant que le sommeil me prenne, je balbutie :
— De toute façon, je n’ai plus rien à perdre. Si elle existe… je la trouverai.
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